Challans basket Hollywood – Nouvel épisode : « Les trains de nuit »

Dans les années 1974 à 1976, l’E.S.M. Challans, pour disputer le championnat de N1, se déplaçait souvent dans la région lyonnaise. C’était à Villeurbanne, équipe déjà très cotée avec son meneur de l’équipe de France, Alain Gilles, à Lyon avec un immense palais des sports, à Vichy avec un complexe flambant neuf, aux couleurs du club, vert et blanc, et enfin, à Roanne avec une salle vieillotte, style patronage, où Pierre Troisgros, le chef triplement étoilé, avait sa place réservée.

Le ballon à la main, Alain Gilles
Le Palais des sports de Lyon (photo bibliothèque municipale de Lyon)

Les matchs se disputaient le samedi à 20 heures et ces déplacements s’effectuaient en train. Seuls les déplacements sur la côte d’Azur pour rencontrer Antibes et Monaco se faisaient en avion.

Après avoir gagné en minibus, la gare de Nantes, six à sept heures de train étaient nécessaires pour arriver vers dix-sept heures sur place. Avant de rejoindre la salle, un repas léger réunissait l’équipe et le staff, dans une salle réservée dans une chaîne hôtelière. Un moment de détente avant de passer aux choses sérieuses.

L’équipe N1 de Challans en 1976 (photo Basket magazine)

Le match terminé, c’était le train de nuit qui nous ramenait à Nantes au cours d’un trajet encore plus long, avec parfois un arrêt à Saint-Pierre-des-Corps, l’une des plus importantes gares de triage du réseau SNCF.

Ce train de nuit permettait d’éviter au club une nuit d’hôtel et aux joueurs de profiter d’un dimanche de repos en famille.

Pratique, donc, mais d’un confort tout relatif, car le voyage ne s’effectuait pas en wagon-lit, mais en voiture-couchettes de seconde classe. Six couchettes dures, étroites, trop courtes pour les double-mètres. Heureusement, les compartiments étaient rarement remplis et il était possible pour le groupe d’en occuper plusieurs, afin de disposer de plus d’espace.

Attention, ce n’était pas l’Orient Express et ses couloirs n’étaient arpentés ni par Hercule Poirot poursuivant une enquête, ni par Pierre Mondy à la recherche de la septième compagnie ! Non, c’était le train des bidasses ! Des vrais, pas des comédiens dirigés par Robert Lamoureux !

Les permissionnaires – le service national ne sera suspendu qu’en 1997 – y faisaient grand tapage, buvant plus que de raison, remontant avec difficulté les couloirs et faisant parfois irruption dans les compartiments à la recherche d’un bagage égaré ou d’une couchette pour s’effondrer ! Le sommeil était difficile à trouver. La folle équipée des jeunes recrues se calmait au fur et à mesure des gares desservies mais le silence, relatif, ne s’installait qu’avec les premières lueurs du jour.

Permissionnaires en partance (photo Rail & Histoire)

C’est légèrement vaseux, moins que les troufions quand-même, que l’on débarquait sur les quais de la gare de Nantes, avant une dernière étape en J9 jusqu’à la salle Michel Vrignaud. L’escapade avait durée 24 heures, match compris, un régime difficile pour les joueurs.

Certains déplacements s’étalaient parfois sur 48 heures et les résultats, quelquefois, s’en ressentaient. Ce sera le cas du prochain épisode : Orthez, plumes de canards et champagne !


© La Maison de l’Histoire, 8 décembre 2025 – Erick CROIZÉ – recherche des illustrations Didier LE BORNEC