Basket – Etoile Sportive du Marais Challans / Sporting Club Moderne Le Mans…

… en direct à la télévision le dimanche 16 janvier 1972

L’E.S.M venait de franchir la plus haute marche et d’accéder au sommet du basket français. Elle se nommait alors Nationale 1. Challans, avec seulement 10.000 habitants, était la plus petite ville à se hisser à ce niveau. C’était l’ambition de son président, Michel Vrignaud, mais celui-ci, victime d’un accident mortel lors de l’été 1971, ne put assister à la première saison que l’équipe disputa avec un crêpe noir, fixé à ses maillots.

Si Orthez, commune comptant elle aussi, 10.000 habitants, accéda à l’élite du basket deux ans après, Challans était bien le seul petit Poucet de la saison 71 / 72. Parmi les clubs des Pays de Loire habitués de l’élite, il y avait l’A.B.C Nantes et Le S.C.M Le Mans.

C’est pour la rencontre Challans – Le Mans, au tout début de l’année 1972, que l’O.R.T.F décida de déplacer ses caméras dans la salle Michel Vrignaud, afin de retransmettre le match, en direct sur la première chaîne.

La salle Michel Vrignaud dans les années 1970

La rencontre avait été reportée au dimanche après-midi, à l’horaire de Sport- Dimanche, émission culte pour les passionnés de sport. La salle avait été équipée d’un éclairage plus puissant, indispensable aux caméras de direct de l’époque et un car régie stationnait devant l’entrée de Vrignaud.

C’est précisément sur un écran de télévision, dans une maternité de Nantes où venait de naître ma nièce, Marie-Adèle, que j’ai suivi cette rencontre.

L’affiche de ce derby des Pays de Loire avait fait le plein de spectateurs et certains étaient assis par terre. Cette retransmission en direct allait donner une visibilité inespérée à la commune dont l’équipe était alors soutenue par Merlin-Plage.

La rencontre fut serrée, intense, et le happy-end est resté dans ma mémoire

A une poignée de secondes de la fin du temps réglementaire, Le Mans mène de deux points. Raphaël Ruiz, le très expérimenté ailier venu de l’A.B.C. Nantes, obtient deux lancers francs. Il marque le premier. Un second tir réussi permettrait à l’E.S.M. d’égaliser. Mais c‘est un autre choix que fait le capitaine. Pour son second lancer, il vise volontairement le panneau, suit son action, prend le rebond et marque. Trois points au total, Challans passe devant et bat Le Mans d’un point !

L’ESM basket Challans au début des années 1970 – au centre, avec le ballon, Raphaël Ruiz, et devant lui, de dos, Jean-Jacques Kériquel

Les commentaires iront bon train sur le rusé Raphaël, joueur d’origine Espagnole, plusieurs fois sélectionné en équipe de France, qui vient de donner, devant les caméras, la victoire à l’équipe dirigée par Jean-Jacques Kériquel depuis 1963. Pour sa première saison dans l’élite, le promu Challandais terminera à la 7e place : un exploit. La moquette de la salle Vrignaud allait durablement marquer les esprits.

La retransmission était terminée. A vous les studios, à vous Cognacq-Jay.

Erick CROIZÉ

Prochain épisode : Orthez et les plumes du marché couvert


© La Maison de l’Histoire, 11 novembre 2025 – Erick CROIZÉ – (recherche des illustrations Didier LE BORNEC)